sexta-feira, 22 de janeiro de 2021

parte 2

 

a. « Deus est in omnibus rébus, non quidem sicut pars

essenti^... sed sicut agens adest ei in quod agit. Oportet

enim omne agens conjungi ei in quod immédiate agit, et

sua virtute illud contingere. » (S. Th., Summa T/ieoi., I,

q. vm, a. I.)

 

 

 

48 PRÉSENCE INTIME DE DIEU

 

trouve réellement et substantiellement présenta

Et comme il n'existe absolument aucune créature

dans laquelle Dieu n'exerce son activité pour lui

conserver l'être et la mouvoir à ses opérations,

il en résulte que Dieu est partout, non seulement

par son action ou sa puissance, mais encore par

son essence.

 

Lors donc que l'Ecriture, parlant de la Divi-

nité, nous la représente remplissant le ciel et la

terre : Numquid non cœlani et ierram ego impleo"^

dicit Dominas \ il ne faut point prendre ces ex-

pressions au pied de la lettre, pas plus que le&

autres anthropomorphismes dont le texte sacré

abonde, et comprendre l'immensité divine par

mode d'extension, comme un océan sans rivages

contenant dans son sein tout ce qui existe et

débordant de toutes parts le monde créé ; c'est

aux exégètes et aux théologiens qu'il appartient

de donner, en de telles occurrences, le sens

véritable caché sous une forme de langage que

l'Espiit-Saint a voulu employer pour se mettre à

la portée de tous. C'est ce qu'a fait saint Thomas

pour le texte qui nous occupe : « Dieu, dit-il,

remplit tous les lieux, non à la façon d'un corps

qui est dit remplir un espace quelconque en en

bannissant toute autre substance matérielle, mais

 

 

 

I. « Quia effectus divini non solum divina operalione esse

incipiunt, sed etiam per eam tenentur in esse, nihil finleni

operari potest ubi non est... necesse est ut, ubicumque est

aliquis effectus Dei, ibi sit et ipse Deus effector. » (S. Th.,

rontra Gent., 1. IV, c. xxi.)

 

2. Jer., ixni, a4.

 

 

 

SES DIFFÉRENTS DEGRES 49

 

en donnant et en conservant l'être aux choses qui

remplissent l'espace et y sont localisées'. »

 

Et comme l'être et les autres perfections sont

communiqués aux créatures à des degrés qui

varient étonnamment, depuis le grain de sable

jusqu'au séraphin qui occupe le sommet des

hiérarchies angéliques, la présence de Dieu, en

qualité de cause elliciente, comporte, elle aussi,

bien des degrés, suivant la mesure dans laquelle

chaque créature participe à la pcTfection divine.

Voilà ce que saint Thomas voulait donner à

entendre par les paroles suivantes, intelligibles

maintenant pour tous : Est anus commanis modus

quo Deus est in omnibus rébus per esseniiam, prœ-

sentiam et poleniiam, sicui causa in ejfectibus

pariicipantibus bonilalem ipsius*.

 

 

 

i. « Deus omnem locum replet : non sicut corpus, corpus

enim dicitur replere locum, in quantum non compatitur

secum aliud corpus ; sed per hoc quod Deus est in aliquo

loco, non excludiiur quin alla sint ibi, imo per hoc replet

omnia loca quod dat esse omnibus lo^atis, quae replent

omtiia loca. » (S. Th., Summa TheoL, l, q. viii, a. a.)

 

a. S. Th., Summa TheoL, I, q xuii, a. 3.

 

 

 

IB. SAtNT-SSrBIT.

 

 

 

DEUXIÈME PARTIE

 

 

 

DE LA PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEO

 

OU DE L'HABITATION DU SAINT-ESPRIT

 

DANS LES AMES JUSTES

 

 

 

CHAPITRE PREMIER

 

 

 

Le fait de la présence spéciale de Dieu

dans les justes. — Mission, donation,

habitation du Saint-Esprit.

 

 

 

Au-dessus du mode ordinaire et commun

suivant lequel Dieu est en toutes choses par son

essence, sa puissance et sa présence, comme la

cause est dans les effets qui entrent en partici-

pation de sa bonté, il en est un autre spécial,

qui convient aux seules créatures raisonnables,

dans lesquelles Dieu se trouve comme l'objet

connu et aimé est dans l'être qui connaît et qui

aime. Et parce que la créature raisonnable peut

s'élever jusqu'à Dieu par la connaissance et

l'amour, et l'atteindre en lui-même, au lieu de

dire simplement que Dieu, suivant ce mode par-

ticulier de présence, est dans la créature raison-

nable, on dit qu'il habite en elle comme dans son

temple. Nul autre effet que la grâce sanctifiante

ne peut êtr*-^ la raison de ce noiiyeau mode de

présence do la personne divine. C'est donc uni-

quement par la grâce sanctifiante que la per-

sonne divine est envoyée et qu'elle procède tem-

porellement... Toutefois, avec la grâce, on reçoit

 

 

 

54 PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

aussi le Saint-Esprit, qui est lui-même donné et

envoyé, et vient habiter l'homme i. »

 

Ces paroles si laconiques de saint Thomas con-

tiennent, dans leur brièveté, un admirable résu-

mé de la question qui nous occupe présentement.

Nous y trouvons en effet clairement indiqués r

— a) d'abord le fait de la présence spéciale de

Dieu dans l'âme qui a la grâce : Super istum

modum aatem communem est unus specialis, qui

convenu natures raiiondi; — b) puis la nature de

cette présence, qui est une présence substan-

tielle; Dieu est là non pas simplement par ses

dons, mais en personne : In ipso dono gratiœ

gratum facientis Spiritus Sa/tctus habetur, et inha-

 

 

 

I. « Super istum modum autem communem (quo, scili-

cet, Deus est in omnibus rébus per essentiam, potentiam

et prsesentiam, sicut causa in effectibus participantibus

bonitatem ipsius), est unus specialis, qui convenit naturae

rationali, in qua Deusdicitur esse sicut cognitum in cogno-

scente, et amatura et amante. Et quia cognoscendo et

amando creatura ratioixalis sua operatione attingit ad

ipsum Deum, secunduni istum specialem modum Deus

non solum dicitur esse in rationali creatura, sed etiam habi-

tare in ea sicut in templo suo. • ic igitur nullus alius effec-

tus potest esse ratio quod divina persona sit novo modo in

rationali creatura, nisi gratia gratum faciens. Unde secxin-

dum solam gratiam gratum facientem mittitur et procedit

temporal! ter persona divina.

 

« Similiter illud solum habère dicimur quo libère possu-

mus uti, vel frui. Habere autem potestatem fruendi divina

persona est solum secundum gratiam gratum facientem.

Sed tamen in ipso dono gratiae gratum facientis, Spiritus

Sanctus habetur, et inhabitat hominem. Unde îpsemet Spi-

ritus Sanctus datur et mittitur. » (S. Th., Samma Thêd., h

q. XLUi, a. 3.)

 

 

 

MISSION, DONATION, ilA:B. DU SAINT-ESPRIT 55

 

èiieU hominem. Unde ipsemet Spiritus Sanctus datur

et mitttiar\ — c) le mode de cette )pré8.eDoe ; ce

n'est prlus en qualité d'ageait ou de cause .effi-

ciente qu'il est dian^ cette ânae; c'^t à titre

d'hôte et d'ami, comme objet de connaissance et

d'amour : Sicut cognitumdn cog^nosoente, et ama-

tum in amante; — d) ie jsujet capable de rece-

voir un tel bienfait, et ce sujet n'est .autre que la

créature raisonnable : Modws iste specialis con-

venit'naiurœ vationali ; — -e) ejiïiTvkixonditionàe cette

présence, c'est-à-dire l'état de.grâce : .Nubllus alias

effectus potest essfe ratio qaod divina persona sit

«ovG modo in ratio nali creabura, nisi gratta g ratum

faciens. — Autant de ch^îfs de considération qui,

pour être bien compris, demandent des éclair-

cissements proportionnés aux diffî;cuités qu'ils

peuvent offriT et k )la mesure de lein* impor-

tance. Aibordoiïs en preiaier )lieu le fait de la

présence spéciale »de Dieu idans les âmes sancti-

fiées fpar la grâce.

 

 

 

I

 

 

 

Il n'est peut-être pas de vérité plus fréquem-

meiït rappelée dans le saint Evangile et dans

les Epîtres de saint Paul que celle de la mission,

de la donation, de V habitation des personnes

divines dans les âmes qui ont la grâce. Sur le

point de quitter la terre pour retourner à son

Père , Notre-Seigneur , voularit conscyler ses

Ajp.ôtres et atténuer la tristesse que devait leur

occasionner son départ, promit de leur envoyer

le Paraclet : « Je vous dis la vérité : il vous es4

 

 

 

56 PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

expédient que 'e m'en aille, car si je ne m'en vais

pas, le Paraclet ne viendra pas à vous; mais si

je m'en vais, je \ou& VenverraV. Quand sera venu

le Paraclet, que je vous enverrai du Père, l'Esprit

de vérité qui procède du Père, il vous rendra

témoignage de moi, et vous aussi vous me ren-

drez témoignage, car vous êtes avec moi dès le

commencement'. »

 

Il leur disait encore : « Si vous m'aimez,

gardez mes commandements, et, à ma prière, le

Père vous donnera un autre Paraclet, pour qa'il

demeure éternellement avec vous ; l'Esprit de vé-

rité que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne

le voit pas et ne le connaît pas, mais vous, ^ous

le connaîtrez, parce qu'il sera en vous et y fixera

son séjour. Je ne vous laisserai pas orphelins, je

viendrai à vous 3. » Ce nouveau consolateur que

Jésus-Christ promet ici n'est autre que le Saint-

Esprit, l'Esprit de vérité, comme il l'appelle,

c'est-à-dire l'Esprit du Fils, qui est lui-même la

 

 

 

1. « Ego veritatem dico vobis : Expedit vobis ut ego

vadam ; si enim non abiero, Paraclitus non véniel ad vos ;

si autem abiero, mittam eum ad vos. » (Joan., xvi, 7.)

 

2. « Cum autem venerit Paraclitus, quem ego mittam vobis

a Pâtre, Spiritum veritalis, qui a Pâtre procedit ; ille tesli-

monium perhibebit de me. Et vos testimonium perhibebi-

tis, quiaab initio mecum eslis. » (Joan., xv, 26-27.)

 

3. « ST diligiti«me, mandata mea servate. Et ego rogabo

Patrem, et alium Paraclitum dabit vobis, ut maneat vobis-

cum in aeternum; Spiritum veritatis, quem mundus non

potest accipere, quia non videteum, nec scit eum ; vos autem

cognpscetis eum, quia apud vos manebit, et in vobis erit.

Non relinquam vos orphanos; veniam ad vos. » (Joan., xiv,

i5-i8.)

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT-ESPRIT 67

 

vérité substantielle : Ego sum veritasK Tant qu'il

-était au milieu d'eux, le divin Maître consolait

lui-même ses disciples; mais son départ devant

les laisser exposés à de nombreuses tribulations,

il leur promet un autre consolateur, l'Esprit-Saint,

qu'il leur enverra du Père.

 

Cette mission du Saint-Esprit, cette donation

du Paraclet, que Jésus promettait aux siens, ne

devait pas être l'apanage exclusif des Apôtres,

mais la dot commune de tous ceux qui, par la

grâce, deviennent enfants de Dieu. En effet,

écrivant aux Galates, saint Paul leur disait :

(( Parce que vous êtes ses enfants, Dieu a envoyé

dans vos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie :

Père, Père 2. » — a Non pas un esprit de crainte et

de servitude , mais l'esprit d'adoption des

enfants \ » — a La charité de Dieu a été répan-

due dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous

a été donné \ »

 

Et ce n'est pas seulement l'Esprit-Saint qui nous

est envoyé et donné par la grâce, et avec la grâce,

mais la sainte Trinité tout entière vient habiter

notre âme et y faire sa demeure. Notre-Seigneur

le dit formellement dans l'Evangile selon saint

Jean : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma

 

 

 

I. Joan., XIV, 6.

 

a. « Quoniam estis filii, misitDeus Spiritum Filii sui in

^corda vestra clamantem : Abba Pater. » (Gai., iv, 6.)

 

3. « Non enim accepistis spiritum servitutis iterum in

timoré, spdaccepistis Spiritum adoptionisflliorum. » (Rom.,

vm, i5,

 

4. « Charitas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spi-

ritum Sanctum. qui datus est nobis. » (Rom., v, 5.)

 

 

 

a& PBESENCB SPEGIALB DE. DIEU

 

parole; et inon\ Père l'ainieai'a, et. itous viendrons

à lui, et nous établirons en lui notre: séjour i^. »

Aussi, pour amener les premiers fidèles à éviter

avec soin le- péché- et à garder pur et sans tache

le sanctuaire de leur âme, le grand Apôtre ne

trouvait-il pas de motif plus puissant, de raison

plus pressante, d'argument plus persuasif que

de leur rappeler qu'ils étaient le temple de Dieu.

« Ne savez-vous pa&, leur disait-il, que vous ête&

le temple de Dieu, et 4ue l'Esprit-Saint habite

en vous? Si quelqu'un viole ce temple, Dieu le

perdrai car le temple de Dieu est saint, et c'est

vous-mêmes qui êtes ce temple ^ n

 

Je m'arrête, pour ne pas nml-tiplier outre

mesure les passages de l'Ecriture qui établissent

le fait de la mission, de la donation des per-

sonnes divines, de l'habitation de la sainte

Trinité dans les âmes justes. Il importe mainte-

nant de recueillir et de préciser les enseigne-

ments qui résultent die ces- témoignages.

 

Ce qui ressort à première vue de tous ces

textes pris dans leur sens naturel et obvie, ce qui

brille avec la clarté de l'évidence, c'est le fait

d'une présence spéciale de Dieu dans les âmes qui

so!it en état de grâce. El de vrai, si l'Esprit-Saint

leur est envoyé, n'est-ce pas pour qu'il soit en

 

 

 

r. « Si quis diligit me, sermonem ix^um servabit, et

Pater meus diliget eum, etad eum veExLemus, et mansionem

apud eurn faciemua. » (Joan., xit, aS.)

 

2. « Nescitis quia templum Dei estia, et Spiritus Dei

Libitatin vobis? Si quis autem templum Dei violaverit,

'Jt>perdet îKuwi Deus. Templum cnim Dei sanctum esU

quod estis vos. » (I Gop., m, 16-17.)

 

 

 

MISSION, DONATION, ELAB. DU SAINT-ESPRIT §9

 

elles autrement qu'il n'est partout ailleurs? Car

enfin s'il se trouve dans les justes simplement à

la manière ordinaire, comme il est en toutes

choses, on ne conçoit pas ce que peut bien

signifier et apporter cette mission.

 

D'autre part, si l'Esprit-Saint est donné aux

âmes avec la grâce et par la grâce, c'est appa-

remment pour qu'elles le possèdent et puissent

jouir de lui librement. Or seule la créature rai-

sonnable est capable de posséder Dieu par la

connaissance et l'amour; seule, elle peut jouir

de lui; elle est donc susceptible d'une présence

spéciale de la Divinité, qui dépasse la portée des

êtres inférieurs. Nous verrons plus loin que ce

n'est même pas à toute ci^éature raisonnable

qu'appartient celte possession de Dieu, cette

jouissance commencée ou consommée du souve-

rain Bien, et qu'il faut pour cela, comme dispo-

sition préalable, ou la grâce sanctifiante ou la

lumière de gloire. Mais n'anticipons pas, et con-

tentons-nous pour le moment de soumettre à

l'analyse théologique les concepts de mission,

de donation, d'habitation, pour voir s'ils entraî-

nent nécessairement un mode particulier de

présence des personnes divines dans les âmes

auxquelles elles sont, envoyées ou données, et

qii' elles viennent habiter.

 

 

 

II

 

 

 

Le mot de mission, à?ix\^ le langage humain,

implique ordinairement l'idée de mandat donné

à une personne, avec obligation pour le manda-

 

 

 

6o PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

taire de s'éloigner de la personne qui Tenvoie,

pour se rendre au terme de sa mission. Un chef

d'Etat, par exemple, envoie fréquemment tel ou

tel de ses sujets en mission ordinaire ou extra-

ordinaire auprès d'un souverain étranger, tantôt

pour le représenter à titre d'ambassadeur, tantôt

pour négocier une affaire importante. La mission

ne se donne pourtant pas toujours par voie de

commandement, comme cela a lieu quand un

jupérieur envoie un de ses subordonnés; elle

peut encore se donner par voie de conseil, quand,

par exemple, le premier ministre d'un roi ou

d'un empereur l'envoie guerroyer; il peut même

y avoir mission en vertu d'une simple proces-

sion d'origine, comme lorsque le soleil nous

envoie ses rayons. Mais de quelque manière

qu'elle se fasse, la mission implique toujours un

double rapport : un rapport de la personne

envoyée à celle qui l'envoie, et un rapport au

terme de la mission; car on est envoyé par

quelqu'un auprès d'une personne déterminée

ou dans un lieu désigné d'avance ^

 

 

 

;. « In ratione missionis duo importantur : quorum

unum est habitudo missi ad eum a quo mitiitur ; aliud est

habitudo missi ad terminum ad quem mittitur. Per hoc

autem quod aliquis mittitur, ostenditur processio quaedam

missi a mittente : vel secundam imperiam, sicut dominus

miltit servum ; vel secundam consilium, ut si consiliarius mit-

tere dicatur regem ad bellandum ; vel secundam originem,

ut si dicatur quod flos emittitur ab arbore. Ostenditur

etiam habitudo ad terminum ad quem mittitur, ut aliquo

modo ibi esse incipiat : vel quia prius ibi omnino non erat

quo mittitur; vel quia incipit ibi aliquo modo esse quo

priusnon erat. » ( S. Th., Summa TheoL, I, q. xun, a. i.)

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINTHESPRIT 6^

 

Dans la mission créée qui a lieu par voie de

commandemenl ou de conseil, le premier de ces

rapports consiste dans une relation de dépen-

dance ou d'infériorité du mandataire vis-à-vis du

mandant, ou plus généralement de la personne

envoyée vis-à-vis de celle qui l'envoie, car pour

donner une telle mission, il est nécessaire de

posséder ce genre de supériorité que donne l'au-

torité du rang ou le prestige de la sagesse. Rien

de semblable dans les missions divines ; car en

Dieu les trois personnes ayant une même nature

et une même dignité, l'une n'a pas autorité sui

l'autre et ne lui commande pofnt; d'autre part,

comme elles sont parfaitement égales en science

et en sagesse, elles n'ont point à se conseiller

ou à se diriger mutuellement. La mission des

personnes divines ne se fait donc ni par com-

mandement ni par conseil, mais elle implique

simplement l'idée d'origine ou de procession i.

 

Le second rapport que dénote la mission est

relatif au terme oii l'on est envoyé. Il indique

que le messager doit, s'il n'y est déjà, se rendre

au lieu oii on l'envoie, pour être en mesure de

remplir l'office qui lui a été confié

 

Dans les missions créées, après avoir pris

congé de son maître, l'ambassadeur d'un prince

 

 

 

I. « Missio importât minorationem in eo qui mittitur»

secundum quod importât processionem a principio mit-

tente, aut secundum imperium, aut secundum consilium ;

quia imperans est major, et consiliansestsapientior. Sed in

divinis non importât nisi processionem originis, quae est

serundum aequalitatem. » (S. Th., SummaTheol.,l,q. xliu,

a. 1. ad I.)

 

 

 

€2 PRÉSENCE SPÉCIALE ETE DIEU

 

«'éloigne de lui et quitte son pays pour se rendre

à la cour du souverain auprès duquel il est accré-

dité; il y a par conséquent changement de lieu.

Il n'est pourtant pas impossible qu'un sujet,

déjà présent dans une contrée qui n'est pas son

pays d'origine, reçoive de son prince une mis-

sion particulière auprès du monarque sur les

terres duquel il se trouve ; dans ce cas, Tambas-

sadeur n'a point à se rendre au terme de sa

mission puisqu'il y est déjà, mais par le fait du

mandat qui lui est donné, il y devient présent

d'une nouvelle manière, ou plutôt à un nouveau

titre, non plus comme simple particulier, mais

en qualité de représentant. La mission divine ne

comporte ni déplacement ni séparation; Dieu,

étant partout, ne peut se rendre quelque part oii

il ne soit déjà, et la personne envoyée ne se

sépare point de celle qui l'envoie, car les trois

personnes de l'adorable Trinité, n'ayant qu'une

seule et même nature, sont nécessairement insé-

parables ; en vertu de la circamincession, partout

où l'une d'elles se trouve, les deux autres y sont

également 1.

 

Mais pour qu'il y ait vraiment mission, il faut

que la personne divine commence d'être pré-

 

 

 

I. « niud quod sic mittitur, ut incipiat esse ubi prius

nùllo modo erat, sua Tnissione localiter lanovetur ; unde

oportet quod loco separetur a mittente. Sed hoc non acci-

<iît in missione divinae personœ ; quia persona dirina missa

sicut non incipit esse ubi prius non fuerat, ita née desinit

«sse ubi fuerat. Unde talis missîo est sine separatione, sed

habet solam distinctionemoriginis. » (S.Th., 8wnma Theol.

i. q. XLiii, a. 1, ad 2.)

 

 

 

MISSION, DONATIOK, HAB;. DU SAINT-ESPRIT 63-

 

sente s&us un mode nouveau là où elle esi eiiiVQyée.

 

Ainsi, quand le Fils de Dieu fut envoyé dans

le inonde pour opérer notre! rédemption, il ne

quitta point le sein du Père pour venir au milieu

de nous; il était déjà dans le monde, en qualité

de cause, pour conserver ce qu'il avait primiti-

vement créé : In mundo erat, et mundusper ipsum.

factus est^, mais il y vint à nouveau en tant,

qu'il apparut revêtu de notre chair. Ce que nous

disons de la mission visible du Verbe s'applique

également à la mission invisible de l'Esprit-Saint.

Lors donc que ce divin Esprit est envoyé par le

Père et le Fils pour sanctifier la créature, il. n'y

a en lui ni déplacement ni changement; toute

la mutation se tient du côté de l'être créé, qui,

en recevant la grâce, entre par le fait même

dans un nouveau rapport avec la Divinité, dont

il devient tout à la fois l'ami et le sanctuaire.

 

On voit par là que la mission, divine implique

seulement deux choses : une procession d'origine

et un nouveau mode de présence ; c'est-à-dire

que la personne envoyée procède de celle qui

l'envoie, et devient présente d'une manière nou-

velle au terme de sa mission'. Et comme le Fils

 

 

 

I. Joan., I, 10.

 

a. (c Missio igitur divinae personae conTcnire potest?, seeun-

dum quod importât ex una parte processionem originiff a

mittente, et secundum q^uod importât ex alia parte novum

modum existendi in alio ; sicut Filius dicitur esse missus

a Pâtre in mundum, secundum quod incepit in mundo

esse per carnem assumptam ; et tamen antea in munda

états uit dicitiii? Joan., li, lO. »- (Siwnma. T/i«ûi», I, q. xun,

a. I.)

 

 

 

(54 PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

procède uniquement du Père, il ne peut être

envoyé que par lui ; l'Esprit-Saint au contraire

est envoyé par le Père et le Fils, parce qu'il

procède de l'un et de l'autre. Quant au Père, ne

procédant de personne à raison de son innasci-

bilité, il n'est jamais envoyé; il vient pourtant

de lui-même dans l'âinj juste et accompagne les

deux autres personnes.

 

III

 

Les considérations que nous venons de faire

sur la mission invisible du Saint-Esprit s'appli-

quent pareillement à sa donation; avec cette

différence que le mot de mission n'exprime, en

outre du rapport d'origine avec le Père et le Fils

qui l'envoient, qu'un mode spécial de présence

dans la créature qu'il sanctifie, sans indiquer la

nature de cette présence ; tandis que la donation

nous révèle déjà, dans une sorte de demi-jour,

le caractère particulier de l'union que la créature

raisonnable contracte par la grâce avec la per-

sonne divine qui lui est donnée.

 

En effet, pour qu'il y ait donation du Saint-

Esprit, il ne suffit pas qu'une relation nouvelle

quelconque s'établisse entre l'àme qui le reçoit

et ce divin Esprit, il faut encore que cette âme

possède Celui que l'Eglise appelle si justement le

don de Dieu ; car ce que l'on donne à quelqu'un

devient son bien, sa possession i ; et qu'est-ce

 

 

 

i.« Ad dationem Spiritus Sancti, non sufRcit quod sit

nova relatio, qualiscumque est creaturae ad Deum; sed

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT-ESPRIT 65

 

que posséder une chose, sinon avoir la faculté

d'en user librement et d'en jouir à volonté? Ha-

bere autem dicimur id quo libère possumus uti vel

frui ut volumus^. Or, seule la créature raisonnable

est capable de posséder Dieu et de jouir de lui,

ou d'une manière parfaite comme les bienheu-

reux dans le ciel, ou d'une manière initiale et

commencée, comme les justes et les saints d'ici-

bas'.

 

Les êtres privés de raison peuvent bien recevoir

la motion, l'impulsion, l'action de Dieu; ils ne

sauraient ni jouir de sa présence ni user librement

de ses dons ; ils peuvent avoir en eux une par-

ticipation lointaine et analogique de la perfection

incréée, mais quant à posséder la substance

divine et à jouir du Bien souverain, ils en sont

radicalement incapables, car on ne peut possé-

der Dieu et en jouir que par la connaissance et

l'amour, et l'être intelligent seul est capable de

tels actes. Encore a-t-il besoin pour cela d'être

élevé au-dessus de sa condition native et de

recevoir d'en haut une grâce qui le rende parti-

cipant du Verbe divin et de l'Amour qui pro-

cède du Père et du Fils comme d'un seul prin-

 

 

 

oportet quod referatur in Ipsum sicut ad habitum • quia

quod datur alicui habetur aliquo modo ab illo. » (S. Th.,

Sent., 1. 1, dist. xiv, q. ii, a. 2, ad 2.)

 

1. S. Th., Summ. TheoL, I, q. xxxvm, a i.

 

2. « Persona autem divina non potest haberi a nobis nisi

vel ad fructum perfectum, et sic habetur per donum gloriae :

aut secundum fructum imperfectum, et sic habetur per

donum gratiae gratum facientis. » (S. Th., Sent.t 1. I, dist.

XIV, q. II, a. a, ad 2.)

 

 

 

BAB. lAIRT-BIPKIT.

 

 

 

66 PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

cipe^. Donc la donation d'une personne divine

implique une présence spéciale de la Divinité

dans la créature qui la reçoit ; présence absolu-

ment distincte de celle par laquelle Dieu est en

toules choses en qualité de cause efficiente.

 

Nombreux en effet sont les caractères qui dit-

férencient ces deux modes de présence. Ainsi, la

présence de Dieu par manière de cause efficiente^

est commune à tous les êtres sans exception; la

présence de Dieu comme objet de connaissance et

d'amour n'est possible que pour les créatures

intelligentes. La première est universelle et se

réalise nécessairement partout où se rencontre

un effet quelconque de la puissance divine; elle

est même inamissible tant que l'être créé est

maintenu dans l'existence, car Dieu doit être là

pour le conserver. La seconde, s'il s'agit d'une pré-

sence substantielle et non purement objective, est

le privilège exclusif des âmes justes; effet du libre

 

 

 

I. « Habere dicimiirid quo libère possumus uti vel frui ut

volumus. Et per hune modum divina persona non potost

haberi nisi a rationali creatura Deo conjuncta ; ali* autem

creaturae moveri quideni possunt a divina persona, non

tamen sic quod in potestate earum sit frui divina persona,

et uti effectu ejus. Ad quod quandoque pertingit rationalis

creatura, utputa cum sic fit particeps divini Verbi et pro-

cedentis amoris, ut possit libère Deum vere cognoscere et

recte amare. Unde sola creatura rationalis potest habere

divinam personam. Sed ad hoc quod sic eam habeat,

non potest propria virtute pervenire , unde oportet quod

hoc ei desuper detur ; hoc enim dari nobis dicitur quod

aliunde habemus. Et sic divinae personae competit dari et

Csse donum. » (S. Th., Summa TheoL, I, q. xxx.viii, a. i.)

 

a. Samma Theol., I, q. vni, a. 3.

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT ESPRIT 67

 

vouloir de Dieu, elle vient avec la grâco et se

perd avec elle. L'une n'apporte, au moins directe-

ment, ni ioie ni consolation; elle est souvent

inconsciente ou ignorée; et combien, parmi les

êtres raisonnables capables de la connaître ou la

connaissant effectivement, voudraient, dans leur

malice, pouvoir s'en défaire en chassant de leur

cœur Celui qu'ils considèrent comme le témoin

importun de leur inconduite et le vengeur de

leurs crimes! L'autre, au contraire, est pleine

de douceur et de suavité; c'est une union de

jouissance commencée ou consommée. Qui pour-

rait confondre deux modes de présence si diffé-

rents l'un de l'autre? Dans l'un. Dieu est en

nous à titre d'agent; dans l'autre, Dieu est à

jious, en qualité de protecteur et d'ami.

 

 

 

IV

 

 

 

Dieu se trouve donc dans les justes d'une manière

toute spéciale, il y habite, suivant l'expression

employée par nos saints Livres. Mais, chose

étonnante. Dieu n'habite pas partout où il est.

Combien d'êtres auxquels il est réellement et

substantiellement présent à titre de cause effi-

ciente, y exerçant son activité, y produisant tel

ou tel effet, et dans lesquels néanmoins il n'ha-

bite pas, au sens que l'Ecriture donne à cette

expression ! Et cela se comprend. Le lieu qui

est l'habitacle de Dieu a, dans toutes les langues,

un nom spécial, c'est un tempile. Or, on ne sau-

rait donner le nom de temple à une demeure

vulgaire, destinée à des usages profanes : le tem-

 

 

 

68 PRÉSENCE ?PFrT\LTî DE DIEU

 

pie est un lieu consacré et Hédié au culte de

Dieu, qui daigne y habiter et accueillir favora-

blement les prières de pes adorateurs. « Le

temple est un lieu consacré au Seigneur pour

qu'il y habite »), nous dit l'angélique Docteur :

Templum est locus Dei ad inhahitandum sibi conse-

cratas^.

 

Dans les temples matériels, cette consécration

se fait par le ministère du pontife, avec tout un

ensemble de prières, d'onctions, de cérémonies,

capable de faire comprendre au peuple chrétien

que désormais ce lieu est saint, et qu'il faut s'y

présenter et s'y tenir avec tout le respect dû à

la Majesté souveraine qui l'habite. Dans les tem-

ples spirituels, c'est-à-dire dans les âmes, cette

consécration se fait par la grâce, que nous rece-

vons primitivement dans le saint baptême'; et

si nous avons le malheur de polluer par le

péché ce sanctuaire intérieur, la divine Miséri-

corde a daigné nous donner, dans le sacrement

de pénitence, un moyen d'opérer sa réconcilia-

tion.

 

Mais parce que la violation d'une chose sainte

est un sacrilège capable d'attirer la colère

divine sur la tête de celui qui le commet, l'apô-

tre saint Paul, voulant faire comprendre aux

 

 

 

i' S. Th., Commeiu. in II Cor., n, 16

 

a. « Et quidem in materiali templo est quaedam sacra-

mentalis sanctitas, prout templum divino cultui dedicatur ;

sed in fidelibus Christi est sanctitas gratiœ, quam consecuti

sunt per baptismum, secundum illud, infra yi, 11 : Abluti

estis, tanctifwati estis. » (S. Th., in I Cor m, 17.)

 

 

 

MISSION, DONATION, HA.B. DU SAINT-ESPRIT 69

 

fidèles de Corinthe la gravité d'une telle profa-

nation et les conséquences redoutables qu'elle

peut entraîner, leur disait : « Si quelqu'un viole

le temple de Dieu, Dieu le perdra : Si quis iem-

plum Dei violaverit, disperdet illum Deas^. » Et la

raison qu'il en donnait, c'est que le temple de

Dieu est saint; « et c'est vous-mêmes, ajoutait-il,

qui êtes ce temple : Templum enim Dei sancium

est, quod esiis vos'. »

 

Et pour qu'on ne soit pas tenté de croire que

Dieu habite, quoique avec peine et répugnance,

dans les pécheurs, l'Ecriture nous déclare for-

mellement qu'il n'en est point ainsi. Elle nous

dit en effet que la sagesse (et l'on peut entendre

par cette expression la Sagesse incréée et engen-

drée, c'est-à-dire le Verbe) n'entrera pas dans

une âme mauvaise, qu'elle n'habitera pas dans

un corps assujetti au péché : In malevolam ani-

mam non iniroibii sapientia, nec habitabit in corpore

subdito peccatis^. Elle ajoute que l'Esprit-Saint,

lui aussi, qui est un esprit de science, aban-

donne celai qui n'a que l'apparence du bien, et

que la survenance de l'iniquité le met en fuite :

Spiritus enim sancias disciplinée ejfagiet ficium...,

et corripietur a superveniente iniquitate^. Et pour

écarter toute erreur, pour prévenir toute illu-

sion, elle va jusqu'à dire que non seulement

Dieu n'habite pas dans les pécheurs, mais encore

 

 

 

1. I Ccr.. III, 17,

 

2. Ibid.

 

3. Sap., I, 4.

 

4. Sap., I, 5.

 

 

 

J]0 PRESENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

qu'il est loin d'eux : Longe est Dominas ah

impiis ' .

 

Il est intéressant d'entendre sur ce point le

grand évêque d'Hippone. Dans son livre Sur la

présence de Dieu, adressé à Dardanus, où il traite

ex professo la question de l'habitation divine,

saint Augustin commence par exposer que Dieu

est partout, tout entier dans chaque être et

chaque partie de l'être, puis il ajoute : « Mais ce

qui est plus surprenant, c'est que Dieu, quoique

tout entier partout, n'habite cependant pas dans

tous les hommes. En effet, ce n'est pas à tous

que peuvent s'appliquer les paroles de l'Apôtre :

Ae savez-voas pas que vous êtes le temple de Dieu,

et que le Saint-Esprit habite en vous? (I Cor., m,

i6), car il dit de quelques-uns : Celui qui n'a

pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas. (Rom.,

VIII, 9.) Or, qui oserait penser, à moins d'igno-

rer complètement l'inséparabilité des personnes

divines, que le Père ou le Fils puissent habiter

où le Saint-Esprit n'habite pas, et que le Saint-

Esprit habite quelque part sans le Père et le

Fils? Il faut donc avouer que Dieu est partout

parla présence de sa divinité, mais non par une

grâce d'habitation : Unde fatendum est ubique esse

Deum per divinitatis prœsentiam, sed non ubique

per habitationis gratiam.

 

« Dieu donc, qui est partout, n'habite pas

dans tous les hommes ; et il n'habite pas non

plus au même degré dans ceux où il établit sa

demeure : Etiam in qaibus habitat, non œqualiter

 

 

 

I. Prov., XV, 29,

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT-ESPRIT jy

 

habitai. N'est-ce pas- en effet pour cela qu'Elisée

demanda le double esprit qui était dans Elle?

(4 Reg , II, 9.) Et d'oii vient que, parmi les

saints, les uns le sont plus que les autres, sinon

parce que Dieu habite plus pleinement en eux?

Mais si Dieu est plus dans les uns que

dans les autres , que devient la vérité de ce que

nous avons avancé précédemment, savoir que

Dieu est tout entier partout? Pour le savoir,

il faut considérer attentivement ce que nous

avons dit, que c'est en lui-même que Dieu est

tout entier partout, et non dans les hommes, qui

le reçoivent les uns plus, les autres moins. On

dit en efTet qu'il est partout, parce qu'il n'est

absent d'aucune partie de l'univers ; qu'il est

tout entier partout, parce qu'il n'est pas partiel-

lement présent à chaque chose, en sorte qu'une

partie plus ou moins grande de son être réponde

à chaque partie plus ou moins grande des cho-

ses ; mais il est tout entier présent non seulement

à l'universalité des créatures, mais encore à

chaque partie de l'univers. Ceux qui, par le

péché, lui deviennent dissemblables, sont dits

éloignés de lui; ceux-là, au contraire, s'en rap-

prochent, qui lui ressemblent par une pieuse et

sainte vie.

 

u Mais ceux à qui I)ieu est présent ont beau

être moins capables de le recevoir, il n'en est pas

pour cela moindre lui-même. Et de même qu'il

n'est pas absent de ceux en qui il n'habite pas,

et qu'il est même tout entier en eux, quoiqu'ils ne

le possèdent pas ; ainsi il est présent tout entier

dans ceux en qui il habite, bien qu'ils ne le sai-

sissent pas totalement.

 

 

 

ya PRÉSENCE SPÉCIALE DE DIEU

 

« Pour habiter dans les hommes, Dieu ne se

partage pas dans leurs cœurs ou dans leurs

corps, en attribuant une partie de lui-même à

ceux-ci et une autre à ceux-là...; mais tout en

demeurant éternellement immuable en lui même,

il peut être présent tout entier à toutes choses,

et tout entier à chacune, quoique ceux en qui il

habite, et dont il s'est fait, par sa bonté et sa

grâce, un temple très cher, le possèdent les uns

plus, les autres moins, selon leur diverse capa-

cité'. »

 

Ainsi donc, au sentiment de saint Augustin,

Dieu n'habite dans une âme qu'à la condition

d'être saisi et possédé par elle, ce qui a lieu par

la connaissance et l'amour; car posséder Dieu,

c'est le connaître : Hoc est Deum habere, quod

nosse*, non pas, il est vrai, d'une connaissance

quelconque, car « *ls n'appartiennent pas au

temple de Dieu, ces philosophes superbes qui

l'ont connu sans le glorifier et lui rendre

grâces 3 », mais d'une connaissance accompagnée

de charité, et voilà pourquoi u ils appartiennent

au temple de Dieu, ces enfants qui ont été sanc-

tifiés par le sacrement du Christ, et régénérés

par l'Esprit-Saint, et que leur âge rend incapa-

bles de connaître Dieu. Ainsi celui que les phi-

losophes ont connu et n'ont point j^ossédé, est

possédé par les enfants avant même qu'ils soient

 

 

 

I. S. Aug., lib. De Prassentia Dei, seu Epist. ad Dardan.

187 (alias 57), c. v et vi, n. 16-19.

a. Ibid., c. VI, n. 21

3. Ibid.

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT-ESPRIT 78

 

en état de le connaître. Mais bienheureux ceux

pour qui connaître Dieu, c'est le posséder; car

cette connaissance est la plus complète, la plus

vraie et la plus heureuse i ». En sorte que, chose

extrêmement étonnante, Dieu habite dans quel-

ques-uns de ceux qui ne le connaissent pas

encore, tandis qu'il n'habite point en d'autres qui

le connaissent.

 

Pour être le temple et rhabîtacle de la Divinité,

il faut avoir la grâce et la charité, c'est la con-

dition indispensable ; aussi non seulement ceux

qui connaissent Dieu sans l'aimer ne possèdent

pas en eux l'hôte divin, mais ceux-là mêmes qui

font des miracles sans être en état de grâce ne le

possèdent pas non plus; car toutes ces choses sont

faites par Dieu en vertu de sa présence ordinaire, ou

par le ministère des saints anges : Agit enim hœc

Deus tanquam ubique prœsens, vel per sanctos

angelos suos^. Et saint Augustin conclut enfin

par ces paroles, qui résument cette longue mais

instructive citation : « Dieu est donc présent par-

tout et tout entier partout ; il n'habite cepen-

dant point partout, mais seulement dans ceux

qui forment son temple et sur lesquels il répand

les trésors de sa grâce et de sa miséricordieuse

bonté. Et ceux en qui il habite le possèdent à des

degrés divers, les uns plus, les autres moins*. »

 

 

 

1. S. Aug., lib. De Prœsentia Dei, c. vi, n. 21.

 

a. Ibid., c. XII, n. 36.

 

3. « Deus igitur ubique prœsens est, et ubique totus prae-

sens : nec ubique habitans, sed in templo suo, eu. per gra-

tiam benignus est et propitius. Capitur autem habitans ab

aliis amplius, ab aliis minus. » (Ibid., c. xiii, n. 38.)

 

 

 

74 PI\ÉSEx>CE SPÉCIALE DE DIEU

 

 

 

Cette doctrine de la présence spéciale, de TAût-

bitation de Dieu dans les justes, que le Docteur

de la grâce affirme, quant au fait, en termes si

formels, mais qu'il laisse isuite, relativement à

la manière dont il faut l'entendre, dans une

sorte de pénombre, a été mise en pleine lumière

par son fidèle disciple et interprète, le Docteur

angélique. Voici, en effet, comment celui-ci s'ex-

prime dans son Commentaire sur les paroles de

l'Apôtre : Vous êtes le temple da Dieu vivant :

« Quoique Dieu soit en toutes choses par sa

présence, sa puissance et son essence, il n'habite

pourtant point partout, mais seulement dans

les saints par la grâce. Et la raison en est

que, s'il est en toutes choses par son action y

en tant qu'il s'unit aux créatures pour leur

donner et leur conserver l'être, il n'y a que

les saints qui, par leur opération, c'est-à-dire

par la connaissance et l'amour , peuvent

atteindre Dieu, et 'le contenir en quelque sorte en

eux. Car celui qui connaît et qui aime possède en

lui-même 1 objet connu et aimé^. »

 

 

 

I. « Licet Deus in omnibus rébus dicatur esse perpraesen-

tiam, potentiam et essentiam, non tamen dicitur in eîs

habitare, sed in solis sanctis per gratiam. Gujus ratio est,

quia Deus est in omnibus rébus per suam actionem in quan-

tum conjungit se eis, ut dans esse et conservans in esse. In

sanctis autem est per ipsorum operationem qua attingunt

ad Deum, et quodam modo comprehendunt ipsum, qusB

«st diligere et oognoscere. Nam diligens et cognoscens dici-

tur in se habere cognita et dilecta. » (S. Th., in II Cor.,

c. Ti, i6, lect. 3.)

 

 

 

MISSION. DONATION, HAB, DU SAÎNT-ESPRIT 76

 

Déjà sur cet autre texte du même Apôtre : Ne

savez^vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et

que VEsprit-Saint habite' en vous? saint Thomas

avait fait les réflexions suivantes : (( U est de la

nature d'un temple d'être l'habitacle de Dieu,

selon ces paroles du Psalmiste : Dieu habite dans

son saint temple (Ps. x, 5) : par conséquent tout

ce qui est la demeure de Dieu peut être appelé

temple. Or Dieu demeure principalement en lui-

même, parce qu'il est seul à se comprendre ; il

peut donc être appelé son propre temple... Il

habite aussi dans une maison consacrée par le

culte spécial qu'il y reçoit... Il habite encore

dans les hommes par la foi que la charité rend

active, suivant ces paroles de l'Apôtre aux Ephé-

siens : Le Christ habite dans vos cœurs par la

foi. (Ephes., m, 17.) Et pour prouver que les

fidèles sont le temple de Dieu, l'Apôtre ajoute

que Dieu habite en eux : et l'Esprit de Dieu habite

en vous... 11 est donc manifeste que le Saint-

Esprit est Dieu, puisque, en établissant son séjour

dans les fidèles, il en fait des temples de Dieu;

car ce n'est que l'habitation de la Divinité qui

constitue un temple : Sola enim inhabitaiio Del,

iemplum Deifacit.

 

« Mais il faut considérer que Dieu est dans

tout être créé par son essence, sa puissance et sa

présence, remplissant tout des effets de sa bonté,

suivant cette parole de Jérémie : Je remplis le

ciel et la terre. (Jer., xxm, 2/i.) Spirituellement,

Dieu habite comme en sa maison de famille, tan-

quani in familiari domo , dans les saints, dont Tesprit

est capable de le posséder par la connaissance et

l'amour, quorum mens capax est Dei per cognitio-

 

 

 

^6 PKÉSENCE SPECIALE DE DIEU

 

nem et amorem, lors même qu'ils ne le connais-

sent pas et ne laiment pas d'une manière

actuelle, à condition cependant qu'ils aient, avec

la grâce et par elle, la vertu de foi et de charité,

comme cela a lieu pour les enfants baptisés.

Mais une connaissance qui n'est pas accompa-

gnée de charité est insufQsante pour établir Iha-

bitation de Dieu, comme l'indiquent les paroles

de saint Jean : « Celui qui demeure dans la cha-

rité demeure en Dieu, et Dieu en lui. » (1 Jean.,

IV, i6 ) Voilà pourquoi beaucoup connaissent

Dieu par une connaissance naturelle ou par la

foi informe, et n'ont pas cependant l'Esprit de

Dieu à demeure dans leur cœuri. »

 

Gest donc une vérité acquise et incontes-

table que Dieu existe d'une manière spéciale

dans les justes ; l'Ecriture, la Tradition, ren-

seignement théologique, s'accordent pour affir-

mer le fait dune présence particuHère de la

Divinité dans les âmes auxquelles lEsprit-Saint

est envoyé ou donné, et qui deviennent par la

grâce le temple et Ihabitacle de l'adorable Tri-

nité. Ce n'est plus simplement par son opération,

à titre d'agent ou de cause efficiente, que Dieu

est en elles ; c'est en qualité d'hôte, d'ami, de

bien souverain, dont elles peuvent déjà commen-

cer à jouir dès cette vie.

 

Ce nouveau mode de présence, qui n'exclut

point les autres, mais s'y surajoute, n'emporte

aucun changement en Dieu, qui est immuable.

 

 

 

1. S. Th., in I Cor., m, i6, lect. S.

 

 

 

MISSION, DONATION, HAB. DU SAINT-ESPRIT 77

 

mais il suppose dans la créature une modifica-

tion', un e^ t nouveau produit en elle et deve-

nant le principe d'une nouvelle relation, en vertu

de laquelle la créature se rapporte à Dieu non

plus seulement comme l'effet à sa cause, mais

comme le possesseur à l'objet devenu sa pro-

priété et la matière de sa jouissance; et, de son

coté, au lieu d'une vulgaire relation de causalité

qu'il avait auparavant avec la créature, Dieu

eatre avec elle dans un rapport d'appartenance

et de possession : il devient son bien, son ami,

son époux, l'objet de sa connaissance et de son

amoir.

 

Cet effet nouveau qui fonde, entre l'âme juste

et Dieu, des rapports si différents de ceux qui

existent entre une créature quelconque et son

Créateur, n'est autre aue la grâce sanctifiante.

Ni les dons de la nature, si élevés et si brillants

qu'on les suppose, ni les grâces gratuites, comme

le don des niracles ou de prophétie, ni la foi

elle-même ou l'espérance séparées de la chanté,

ne suffisent pour nouer de pareilles relations,

pour établir des liens à la fois si doux et si

étroits. « N allas alias ejfectas potest esse ratio qaod

divina persona sit novo modo in creatara raiionali,

nisi gratia gratam faciens *. Nul autre effet que la

 

 

 

1. « Dicendum quod divînam personam esse novo modo

in aliquo, vel ab aliquo haberi temporaliter, non est prop-

ter mutationem divinae personae, sed propter mutationem

creaturae, sicut et Devis temporaliter dicitur Dominus

propter mutationem creaturae. » (S. Th., Summa TheoL, I,

q. îun, a. 2, ad 2.)

 

2. S. Th., Samma Theol.t I, q. xuii, a. 3.

 

 

 

•yS PRÉSE^'(TE SPéciALE DE DIEU

 

grâce sanctifiante ne peut être la raison de ce

nouveau mode de présence de la personne

divine. » Mais quelle est an juste la nature de

celte présence? C'est ce qu'il nous ffeiut examiner

maintenant.

 

 

 

CHAPITRE II

Nature de cette présence

 

I

 

Quand les saintes Lettres nous disent que

TEsprit-Saint nous est envoyé, nous est donné

lour sanctifier nos âmes, que les personnes

livines habitent en nous par la grâce, comment

aut-il entendre ces textes? Faut-il les prendre

ians leur sens naturel et obvie, et admettre la

venue réelle de l'Esprit-Saint, la présence vraie,

physique, substantielle, de l'adorable Trinité dans

l'âme justifiée? ou devons-nous expliquer ces

expressions dans un sens métonymique, et

n'y voir qu'une de ces figures dont abonde le

langage humain, attribuant à l'effet le nom de

la cause? En d'autres termes, est-ce bien la per-

sonne même du Saint-Esprit qui nous est don-

née par la. grâce et avec la grâce, et qui accom-

pagne ses dons en venant elle-même dans nos

cœurs? ou ne recevons-nous en réalité que les

dons créés, la grâce et les vertus infuses qui

forment son inséparable cortège?

 

11 pourrait sembler, à première vue, que la

mission ou la donation d'une personne divine

doit s'entendre uniijuement de la présence de

cette personne par ses effets et ses dons, par la

communication d'une perfection qui lui est

 

 

 

80 NATURE DE LA PRESENCE DE DIEU

 

appropriée et qui la manifeste, et non de sa

venue réelle et personnelle; car enfin puisque

Dieu est partout, comment peut-il venir quelque

part autrement que par ses effets?

 

Aussi les ariens et les macédoniens, ces néga>

teurs obstinés de la divinité du Verbe et du

Saint-Esprit au IV^ siècle, se refusaient-ils à

voir, dans les passages de l'Ecriture où il ejt

question de la mission invisible du Fils et ài

Saint-Esprit, autre chose que l'effusion d^s

grâces créées, à l'exclusion des personnes

divines. Ils avaient pour cela, à leur point de

vue, une excellente raison. Comment admettre

en effet que c'était bien réellement la personne

même du Saint-Esprit que Notre-Seigneur prc-

mettait d'envoyer et qu'il envoya effectivement i

ses apôtres, sans reconnaître la divinité du Sau-

veur? Il n'y a qu'un Dieu qui puisse envoyer

une personne divine. D'autre part, si l'Esprit dt

vérité promis par Jésus-Christ, l'Esprit qui

en répandant la grâce et la charité dans nos

cœurs, fait de nous les enfants adoptifs de Dieu,

est vraiment une personne, il ne peut être, lui

aussi, qu'une personne divine; car il n'y a qu'un!

Dieu qui puisse déifier en communiquant sa

nature.

 

ku \Ve siècle, les Grecs schismatiques, vou-

lant se soustraire à la nécessité de confesser,

avec les catholiques, que le Saint-Esprit procède

du Père et du Fils, soutinrent, eux aussi, au

concile de Florence, que les promesses faites par

Jésus-Christ aux apôtres de leur envoyer le

Saint-Esprit devaient s'entendre de ses dons, et

non de sa personne. Et pour confirmer leur

 

 

 

NATURE DE LA PRESENCE DE DIEU 8l

 

prétention, en l'appuyant sur des témoignages

empruntés aux Livres saints, ils en appelaient

aux passages de l'Ecriture où les dons du Saint-

Esprit sont désignés sous son nom, comme dans

le texte d'Isaïe, où le prophète, parlant du Messie

à venir, s'exprimait ainsi : « L'Esprit du Sei-

gneur se reposera sur lui : l'esprit de sagesse et

d'intelligence, l'esprit de conseil et de lorce,

l'esprit de science et de piété, l'esprit de crainte

du Seigneur le remplira i. n

 

Par des voies différentes, et pour des motifs

d'une tout autre nature, des théologiens catho-

liques, Vasquez en particulier et Alarcon, S. J.,

sont arrivés à la même conclusion. Ne compre-

nant pas comment une personne divine, qui est

déjà réellement et substantiellement présente en

nous, en vertu de son immensité, peut y venir

de nouveau autrement que par ses dons, ils

enseignent que la mission du Saint-Esprit, et son

habitation en nous par la grâce, n'impliquent

nullement une présence substantielle de ce divin

Esprit, spécifiquement distincte de celle qu'il a

en toute créature, mais simplement une exten-

sion de cette présence commune ; en sorte que

là où Dieu était déjà pour conserver les dons de

la nature, il s'y trouve maintenant pour pro-

duire et conserver ceux de la grâce.

 

Et si on leur dit, avec saint Thomas, que

Dieu est présent dans les justes comme objet de

connaissance et d'amoui:, sicat cogniLum in cogno-

 

 

 

i. Is., XI, a-3.

 

HAB. lAINT-BSPMT. — f

 

 

 

Sa NATURE DE LA PRESENCE DE DIEU

 

^cente et amatum in amante'^, ce qui est fort diffé-

rent de sa présence ordinaire en qualité de cause

efficiente, per modum causas agentis*, ils répon-

dent que cela constitue bien efîectivement une

présence spéciale, qui est l'apanage exclusif des

êtres raisonnables, seuls capables de connaître

et d'aimer Dieu, mais une présence qui n'est

point réelle, ni physique, ni substantielle,

attendu que nous pouvons connaître et aimer

des objets distants et éloignés de nous; et si

cette connaissance et cet amour nous rendent

ces objets présents d'une certaine manière, pré-

sents à notre esprit d'une présence idéale et

objective, par leur image et leur forme intelli-

gible, présents à notre cœur d'une présence

morale et affective, ils ne suffisent point cepen-

dant pour les rendre réellement et QkkQciiyQuUîni

présents dans notre âme.

 

Sainte Thérèse se plaint, dans le récit de sa

vie, d'avoir rencontré de ces théologiens; et

voici comment elle en parle : « J'étais, au com-

mencement, dans une telle ignorance, que je ne

savais pas que Dieu fût dans tous les êtres. Mais

comme, durant cette oraison, je le trouvais si

présent à mon âme, comme la vue que j'avais

de cette présence me semblait si claire, il m'était

absolument impossible d'en douter. Des gens

qui n'étaient pas doctes me disaient qu'il s'y

trouvait seulement par sa grâce. Persuadée du

contraire, je ne pouvais m« rendre à leur senti-

 

 

 

1. S. Th., Summa TheoL, I, q. xliii, a. 3.

3. Id., I, q. VIII, a. 3.

 

 

 

NATURE DE LA PIŒSEÎSCB DE DIEU 8^-

 

ment, et j'en avais de la peine. Un très savant

théologien de l'Ordre du glorieux saint Domi-

nique me tira de ce doute ; il me dit que Dieu

était réellement présent dans tous les êtres, et il

m'expliqua' de quelle manière il se communique

à nous, ce qui me remplit de là pliis vive con-

solation ^ ))

 

Aussi, loin de se laisser arrêter par les diffi-

cultés soulevées par Vasquez et les tenants de

son opinion, l'immense majorité des théologiens

a reconnu et confessé que ce ne sont point seu-

lement les dons créés que Dieu nous commu-

nique, quand il verso en nous la grâce sanctir-

fiante, mais que le donateur lui-même accom-

pagne ses dons. Et saint Thomas, toujours si

modéré dans ses- appréciations, ne craint pas de

taxer d'erreur le sentiment contraire : error

diceniium Spiritum Sanctum non dari, sed ejus

dona * ; et il enseigne comme une vérité théolo-

giquement certaine que, par la grâce et avec la

grâce, on reçoit en même temps le Saint-Esprit,

qui devient ainsi l'hôte de notre âme : In ipso

dono gratiœ gralum facientis Spiviias Sanclus habe-

tur, et inhabUat konùnem *.

 

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